1 – Nature et implications des héritages coloniaux pour la politique sociale dans les pays étudiés
Les premières politiques de logement pendant la période colonial sont es en faveur de la poignée d’européen chargée d’administrer les territoires. Depuis cette période, les colons blancs n’ont pas voulu se mélanger avec des indigènes noirs. Un complexe de supériorité qui animait l’européen à cette époque voudrait qu’il ne cohabite pas avec les indigènes. Les villes coloniales qui sont à nos jours des capitales présentent une réelle ségrégation socio-spatiale. D’un côté il existe une ville moderne, et de l’autre un ensemble de petit quartier qui poussent comme des champignons dans la forêt, sans ordre, ni plan, ou s’agglutine les couches populaires pauvres. Ce paysage urbain a subsisté dans les villes postcoloniales. Toutes les grandes villes des pays étudiés, le logement décent n’est accessible qu’a une faible proportion des citadins.
2 – Idéologies, normes et valeurs clés de la politique sociale dans les pays étudiés
La question du logement a fait l’objet d’une intervention des administrations coloniales dans les pays étudiés. Les premières politiques de logement sont d’abord destinées aux forces militaires coloniales, puis aux fonctionnaires du régime, expatriés ou locaux. Au Cameroun et au Gabon, la législation française leur garantissait le logement et l’ameublement via la Société Immobilière de l’Afrique Équatoriale Française (Vennetier, 1976). Fournir un logement aux fonctionnaires et à certains ouvriers indigènes était vu comme l’assurance d’une reproduction de la force de travail locale, mais aussi comme un outil de contrôle de leur intégration à l’espace urbain: Les camps de logements sont strictement séparés de la « ville blanche » dans un souci de contrôle politique et économique (Sinou et al, 1989).
Après la Seconde Guerre mondiale, le Comité de l’Urbanisme et de l’Habitation aux Colonies[1]recommande la mise en place de sociétés immobilières et de crédit sur le modèle métropolitain français afin de répondre aux importants flux migratoires à destination des capitales coloniales. En 1952, le Cameroun se voit alors doté d’une société immobilière nationale financée par les pouvoirs publics français : la Société Immobilière du Cameroun (SIC), qui construit environ un millier de logements jusqu’en 1958 (Sinou et al, 1989).
La question du logement est étroitement liée à cette vaste campagne d’exploitation du Cameroun colonial mais aussi au projet d’urbanisation initié par les colons européens sur le territoire camerounais. Depuis leur arrivée, ils n’ont pas voulu s’accommoder de la ville africaine et ils ont créé des nouvelles dotées d’un paysage européen et dont le positionnement et la fonction s’intégraient au projet colonial. Dans les villes coloniales (Douala, Yaoundé, Libreville, etc.) les colons européens ne se mélangent pas aux les indigènes. Un complexe de supériorité qui animait l’européen à cette époque voudrait qu’il ne cohabite pas avec les indigènes. On se rappelle bien de l’initiation allemande, poursuivie par les français, d’expropriation des Bell du plateau Joss à Douala.
3 – Modèles et tendances comparatifs de la politique sociale dans les pays étudiés
La politique de l’emploi et du travail dans les colonies était très discriminatoire. Les emplois de commandement dans l’administration publique et dans le secteur privé n’étaient réservés qu’aux expatriés. Les indigènes devraient se contenter d’exécuter les tâches secondaires. La rémunération, par rapport à celles des expatriées était sans commune mesure. En effet, des salaires dérisoires etinsuffisants pour nouer les deux bouts du mois étaient la rétribution des autochtones. Le droit à la grève, aux associations étaient systématiquement bafoués. Quant à la politique sociale de logement, elle était pratiquement abandonnée aux entreprises qui devraient s’en occuper selon leur guise. Les meilleures conditions de logement étaient réservées aux colons tandis que les cabanes, sans confort, étaient des amas des briques érigées pour héberger les tout travaux. Après les indépendances, malgré l’embonpoint économique qui caractérise les deux premières décennies, les Etats étudiés n’accordent que très peu d’attention à ces secteurs.
4 – La politique de la politique sociale dans les pays étudiés à travers le temps
La politique coloniale en matière de logement était déclinatoire. Des logements décents construits dans les pays étudiés à cette époque étaient exclusivement réservé à la poignée d’expatrié européens qui séjournais sur les territoires. Si tôt devenu indépendant, les jeunes Etats étudiés sont de rompre radicalement avec cette donne en offrant un logement décent à ses populations. C’est pourquoi des projets de logement sont initiés de part et d’autre dans les pays étudiés. Mais la faiblesse des enveloppes budgétaires dans ce secteur a conduit à une faible offre face a une demande de plus en plus croissante. Toutefois, les programmes publics de construction de logements n’ont servi ni à loger le plus grand nombre, ni à loger les plus pauvres, questionnant ainsi leur caractère « social » de ces projets. Comme dans le reste de l’Afrique subsaharienne, ces logements « sociaux » ont principalement ciblé les élites et les fonctionnaires. Surtout facilitée pour les petits fonctionnaires, l’accession aux logements en cités sociaux va de pair avec le statut symbolique qui accompagne leur position dans l’administration en qualité de représentant de l’État. De plus, si ces logements publics satisfont les aspirations à un confort et à un style de vie considéré comme moderne, ils rivent les fonctionnaires à leurs obligations financières. En mobilisant la catégorie « sociale », les discours étatiques cherchent ainsi à jouer sur la confusion entre logement subventionné, logement construit par la puissance publique, et logement destiné aux populations les plus modestes
5 – Dimensions de genre de la politique sociale dans les pays étudiés à travers le temps
Dans le secteur de logement, le rôle de la femme était pratiquement inexistant depuis l’époque coloniale. Il ne pouvait qu’en être ainsi dans une société où la femme est appelée à vivre sous l’ombre d’un homme si elle est mariée ou sous l’ombre de ses parents ou ses enfants adultes dans le cas contraire, et ce, quel que soit son âge. Il ne pouvait donc pas y avoir une politique de logement stricto sensu pour les femmes.
6 – Principaux acteurs, idées, intérêts et institutions de politique sociale dans les pays étudiés
Dans l’Afrique Équatoriale Française, la politique coloniale en matière de logement était conduite par la Société Immobilière de l’Afrique Equatoriale Française. Fournir un logement aux fonctionnaires et à certains ouvriers indigène était vu comme l’assurance d’une reproduction de la force de travail locale, mais aussi comme un outil de contrôle de leur intégration à l’espace urbain: Les camps de logements sont strictement séparés de la « ville blanche » dans un souci de contrôle politique et économique (Sinou et al, 1989). Après la Seconde Guerre mondiale, le Comité de l’Urbanisme et de l’Habitation aux Colonies5 recommande la mise en place de sociétés immobilières et de crédit sur le modèle métropolitain français afin de répondre aux importants flux migratoires à destination des capitales coloniales. En 1952, le Cameroun se voit alors doté d’une société immobilière nationale financée par les pouvoirs publics français: la Société Immobilière du Cameroun (SIC), qui construit environ un millier de logements jusqu’en 1958 (Sinou et al, 1989).
L’indépendance acquise en 1960 ne transforme pas radicalement l’orientation des politiques publiques en matière de logement dans les pays étudiés. La forte croissance économique que connaît ces pays dans les années 1970 permet aux gouvernements de lancer des politiques urbaines ambitieuses qui bouleversent le paysage des capitales. D’une part, en participant à la réhabilitation des centres villes et, d’autre part, en engageant une restructuration des tissus urbains qui passe par des politiques de construction de logements et de production de lotissements équipés (Franqueville, 1984).
Ces politiques d’habitat sont mises en œuvre par un appareil administratif complexe établi par des décrets. En 1973, l’Etat Gabonais instaure le Fond National de l’Habitat. Trois ans plus tard, la Société Nationale Immobilière est née de la fusion entre l’Office Nationale de l’Habitat et la Société Gabonaise d’aménagement et d’équipement Immobilière. Ces structures sont accompagnées par le Crédit Foncier du Gabon, on organisme spécialisé dans le financement des logements. Au Cameroun, les statuts et les prérogatives de la SIC sont revus. En qualité d’entreprise parapublique, elle doit proposer les projets de cités de logements sociaux, en encadrer la réalisation, puis en assurer la gestion pour l’État. Le financement public est assuré par le biais du Crédit Foncier du Cameroun (CFC). Enfin, ce dispositif institutionnel, désigné comme le « triptyque de l’habitat », est complété par la création de la Mission pour l’Aménagement et l’Équipement des Terrains Urbains et Ruraux (MAETUR), qui a pour tâche d’aménager les espaces accueillant des lotissements.
7 – Contraintes, critiques et opportunités d’innovations en politique sociale dans les pays étudiés
Le secteur du travail et du logement ne préoccupe que très peu les puissances qui avaient la charge du Cameroun pendant la période colonial. Dans la mise en œuvre du projet coloniale, le principal défi était le recrutement en quantité la main d’œuvre apte à travail dans les entreprises coloniales. Il faut préciser que les conditions de travail importaient très peu les promoteurs de ces entreprises. Quant au logement, il faut relever que les administrations coloniales s’attelaient principalement à loger les européens. Les politiques de logement des populations indigènes étaient très évasives.
Les populations locales ont eu droit à un logement et à un travail décent uniquement après les indépendances acquises dans les années 1960. Les codes de travail promulgués dans les pays étudiés permettent d’encadrer et de protéger les travailleurs. Mais dans un contexte économique sous structuré comme ce fut le cas dans ces pays, la précarité des emplois n’est qu’une conséquence logique. Cette situation conjoncturelle prédispose les Etats à des difficultés de financement des projets de construction des logements sociaux. La permanence des contraintes financière n’a permis de fournir les logements décents au plus grand nombre.
[1]Fondé en 1946, le « Comité de l’urbanisme et de l’habitation aux colonies » a pour tâche de définir une doctrine en matière d’urbanisme et d’habitat pour l’ensemble des territoires colonisés. Celle-ci reprend les principes planificateurs des lois sur l’urbanisme métropolitain, et pose l’État comme agent déterminant de l’aménagement de l’espace urbain